Cabrioles en Fouga

Publié le par Sylvain B.

Depuis ma plus tendre enfance, je suis fasciné par les avions de chasse. Il était donc fatal qu'un jour, je combe ce vieux fantasme : voler à bord d'une de ces merveilles. Ce que j'ai fini par réaliser jeudi dernier. Ca a eu lieu à Paris Pontoise, où je me suis présenté vers 10 heures, un peu anxieux. Après qu'un instructeur m'ait décrit l'appareil et le vol, j'ai enfilé ma combinaison puis rallié le parking devant le hangar. Le Fouga Magister qui m'attendait ressemblait à un oiseau mutant, avec sa queue en V. L'appareil revenait justement d'un vol. En avançant vers l'appareil, j'ai donc croisé en chemin le précédent baptisé, qui était blanc comme un linge. Je lui ai demandé comment cela s'était passé et il m'a annoncé qu'il avait fait un black-out pendant un instant. Je n'aurais pas dû demander. C'est donc l'estomac en vrac que je me suis installé à bord de l'appareil et harnaché au siège. Quelques check-lists plus tard, on quittait enfin le plancher des vaches. Je dois admettre que le décollage fut relativement décevant. Je m'attendais à me retrouver collé au siège, mais la poussée de départ est en fait très régulière (il faut dire qu'on ne décollait pas d'un porte-avions, non plus). Les premières minutes de vol se sont révélées assez paisibles. Le calme avant la tempête, en quelque sorte. Puis le pilote m'a demandé par le casque-micro s'il pouvait attaquer la partie acrobatique. J'ai répondu avec un sourire. Le pilote a d'emblée commencé par un looping. Nous avons pris de l'altitude avec une vitesse ascensionnelle prodigieuse. En quelques secondes à peine, nous sommes passés de 3000 pieds à 6000 pieds. A mesure que nous montions à la verticale, notre vitesse allait décroissant. A ce moment, la pression est extraordinaire et la sensation tout bonnement indescriptible. Mon corps tout entier semblait vouloir s'enfoncer dans le siège. Quand nous sommes arrivés au sommet du looping, je me suis retrouvé sur le dos, suspendu dans le vide, tout en étant plaqué au siège par la force centrifuge. Notre vitesse n'était plus que de 100 km/h (alors qu'elle atteignait 600 km/h au début de l'évolution). Puis ça a été la chute, prodigieuse. Le pilote s'est assuré que j'étais toujours avec lui avant de poursuivre. Les acrobaties se sont alors succédées et j'ai perdu le fil. Pendant les quelques secondes de répit entre chaque série, je tentais de retrouver mes points de repère qui ne cessaient de changer de place, vacillant dans tous les axes, au point de me faire graduellement perdre le sens de l'orientation. Tout allait très vite et les figures s'enchaînaient sans interruption : looping, vol dos, petite série de breaks. Le pilote semblait se faire plaisir. Il me demandait de loin en loin si j'étais toujours présent, et je répondais chaque fois avec un sourire idiot. Parce qu'en dépit de l'intensité des acrobaties qui allait de plus en plus loin, je me laissais progressivement aller. Étonnamment, c'est sur la route du retour que j'ai commencé à me sentir indisposé. En fin de compte, j'ai dû utiliser le petit sac en papier kraft. Mais c'était un inconvénient très mineur en comparaison du reste de l'expérience. Suivez le lien pour en savoir plus sur ce vol en avion de chasse.

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