Légaliser le cannabis

Publié le par Sylvain B.

Me désignant du doigt une barre d’immeuble à gauche, le chef de cabinet de ce maire de banlieue me dit : “là, pas question de vous y emmener ; d’ailleurs, même la police hésite à y aller”. Et il ajoute : “il faut dire qu’ils sont remarquablement organisés. Un vrai esprit d’entreprise. Capables de monter une filière internationale d’approvisionnement, un réseau de grossistes, de détaillants, des lieux de stockage, un système de veille et d’alerte, des procédures de recrutement et de promotion. À vrai dire, la police a peu d’occasions d’intervenir. Comme ils disent : les embrouilles, ça attire les keufs, et les keufs, c’est pas bon pour le business. Donc, ça se passe entre eux, sauf quand il y a un incendie”. Mon projet était celui d’une enquête sociologique sur les cités. Les étudiants et étudiantes auraient saisi directement sur leur ordinateur les réponses au questionnaire. Sympa. Je sens que l’idée a du plomb dans l’aile. Donc, ça ne se fera pas. Et je n’en saurai pas beaucoup plus sur l’économie de la cité. Si ce n’est qu’elle est prospère, contrairement aux autres activités de la commune. Ce ne sont pas celles-ci qui font vivre la concession Mercedes du coin. Mon interlocuteur en viendrait presque à se féliciter qu’ils soient là. Oui, mais il paraît qu’il est question de "dépénaliser le cannabis". Autrement dit d’en rendre le commerce légal. Y aura-t-il des importateurs autorisés, qui s’approvisionneront directement en Colombie ? Va-t-on encourager (et subventionner) la production locale ? Pourra-t-on se procurer les joints dans les bureaux de tabac ? Autant de questions sur lesquelles je n’ai pas lu de réponse bien précise. En attendant, c’est l’économie de la cité qui risque d’être totalement désorganisée. Des milliers et des milliers d’emplois compromis : guetteurs, rabatteurs, détaillants, grossistes, receleurs, commissionnaires, autant de gains et d’espoirs de réussite qui vont s’envoler. J’entends déjà la réponse des pouvoirs publics : “nous allons lancer un plan national d’intégration et de reconversion à l’intention des jeunes des cités”. Question reconversion, je pense qu’ils se reconvertiront effectivement, mais en fonction de leurs compétences : vols à l’arraché ; vol, maquillage et exportation de voitures au Kosovo et en Albanie ; vols de scooters en vue de leur revente sur e-bay ; braquages ; chantages et extorsion de fonds ; trafics divers et variés ; escroqueries et entourloupes. La liste n’est pas exhaustive. La police, elle aussi, risque d’avoir à se reconvertir. Et vous aurez intérêt à vous assurer que votre alarme fonctionne bien. 

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